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L'IA sans humanité : le grand échec des formations actuelles

  • Photo du rédacteur: Arnaud Huet
    Arnaud Huet
  • 29 avr.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 mai






J'observe un paradoxe étonnant dans l'écosystème de la formation à l'IA. Après avoir assisté à de nombreuses sessions ces derniers mois sur le sujet de l'IA, un constat s'impose : les formations à l'IA partagent presque toutes la même faiblesse fondamentale, celle d'être centrées sur la technologie et non sur l'humain et ses usages dans son environnement. Elles occultent quasi-systématiquement le contexte sociétal, stratégique et opérationnel dans lequel l'IA s'inscrit.



Pourquoi est-ce une faiblesse majeure ?


Animant également des formations sur l'IA, j'ai rapidement constaté que l'écosystème IA est devenu un labyrinthe dans lequel il est aisé de se perdre. Le site https://www.aixploria.com/ dénombre plus de 20 000 solutions IA dans plus de 60 catégories différentes (génératives, assistants, agents, développement, création artistique etc.). 

Se concentrer uniquement sur la technologie revient à se perdre dans ce labyrinthe de solutions.


Les questions essentielles restent également sans réponses : Quels impacts sur notre monde ? Quel avenir pour l'humain dans l'entreprise ? Comment une formation peut-elle prétendre être complète sans aborder ces enjeux fondamentaux ?


L'adoption commence par dissiper les peurs : La première étape de l'adoption d'une nouvelle technologie suppose de lever les craintes individuelles et d'offrir une perspective désirable. Sans cela, nous semons l'IA de façon désordonnée sans pouvoir en récolter les fruits.



L'importance de partir des défis, objectifs et usages


L'IA n'est pas qu'un ensemble d'algorithmes et de modèles - c'est avant tout un vecteur d'évolution profonde de notre société et de nos entreprises. La question du "pourquoi" doit précéder celle du "comment". Que souhaitons-nous véritablement confier à l'IA ? Pour bâtir quelle société, quelle entreprise ?


À l'heure où certains leaders d'opinion de la tech annoncent une mise sur le banc prochaine de l'humain, il est urgent de s'interroger sur la place que nous voulons occuper. Comment tirer parti de cette technologie en réduisant les déséquilibres sociaux, économiques et écologiques ? Comment positionner l'IA comme l'opportunité de créer un modèle de société plus éclairé, plus inclusif et plus humain ?



Une contradiction qui n'en est pas une


Vous me direz qu'il est contradictoire de vouloir profiter cette déferlante prochaine de l'IA pour lutter contre ce déterminisme. 

Mais en réalité, pas du tout. En agitant la peur d'être exclus et de devoir nous soumettre aux technologies, je vois plutôt l'IA comme une occasion historique de repositionner l'humain et son environnement au centre de notre société, d'utiliser les technologies à son service et non l'inverse. Si ce discours existe depuis de nombreuses années, l'IA pointe du doigt l'urgence de le concrétiser en actes.


Nous sommes responsables de notre avenir collectif. Il nous appartient de réagir à une prospective dystopique dans laquelle le monde serait ultra-technologisé, où les ressources et la biodiversité disparaîtraient et où l'humanité risquerait à terme de s'effacer.



Formation et éducation : le nœud du problème


Mais pourquoi partir dans de telles considérations ? Parce que pour guider de façon éclairée les populations, la formation professionnelle et l'éducation des jeunes générations occupent un rôle central. 


La façon de former à l'IA - orientée technologie ou orientée humain - influence directement la place qu'elle occupera dans notre société.


Plus la formation sera centrée sur l'humain, plus nous garderons la main sur son développement et sur son respect des équilibres économiques, sociaux et environnementaux.


Comme le souligne Martha Nussbaum, philosophe américaine : "Une éducation qui se concentre uniquement sur la compétitivité économique et les compétences techniques, mais qui néglige les humanités, risque de produire des générations de machines utiles plutôt que de citoyens complets capables de penser par eux-mêmes."


Les personnes qui se positionnent sur la formation en adoptant une posture centrée technologie n'aident pas à préparer le monde de demain. Ils ne répondent pas aux freins à l'adoption. D'un point de vue pédagogique, ils ne comblent pas le fossé d'usage et culturel entre eux et les apprenants.



L'enjeu est civilisationnel


Pour citer Margaret Mead : "La technologie a beaucoup à offrir, mais elle ne peut pas remplacer l'humanité. Nous devons nous rappeler que l'objectif est de vivre en harmonie avec elle, pas de lui céder notre humanité."


Je suis un partisan convaincu de la formation centrée sur l'humain pour construire un avenir souhaitable et plus harmonieux. L'actualité récente et la montée du fascisme associée au tout-technologique peuvent aider, en réaction, à trouver des solutions plus enviables pour l'humanité.


Je suis convaincu que l'IA n'est pas une menace en soi, mais une opportunité de bâtir un monde meilleur – à condition de la former et de l'éduquer avec la bonne perspective. Une perspective où l'humain et son environnement restent au centre.




 
 
 

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